SOUVENIRS MAJEURS
un travail d’enquête et de création artistique pour valoriser les souvenirs des habitants des territoires sur les risques majeurs et construire la résilience du territoire

Souvenir : Ce qui revient à l'esprit des expériences passées. La mémoire est faite de souvenirs.
Risque Majeur : Le risque majeur est la possibilité d’un événement d’origine naturelle ou anthropique, dont les effets peuvent mettre en jeu un grand nombre de personnes, d’occasionner des dommages importants et dépasser les capacités de réaction de la société.
« La mémoire du risque désigne à la fois le souvenir collectif qu'une population garde des aléas et des catastrophes survenus dans le passé, et la dimension mémorielle attachée à ce souvenir (les commémorations, célébrations d'anniversaires, marronniers médiatiques, etc.). Elle est une dimension importante de la culture du risque. » (.F. Pagney Bénito-Espinal, 2019).
La mémoire collective est l'addition de nombreux souvenirs individuels.
La mémoire construit la réflexion et impacte les actes. L'émotion fait partie intégrante des souvenirs et ceux-ci sont vivants, souvent, quand l'émotion ressentie est présente. L'idée est d'impliquer émotionnellement le public en montrant les chemins intérieurs dans les vécus personnels des “risquerains”, ces “habitants de la scène locale de risque soumis à l’aléa d’une manière objective (exposition à endommagement) ou subjective (perception de l’aléa)” selon le néologisme proposé par Fabien Hobléa.
Ressentir ce qu'a vécu une personne lors d’une catastrophe naturelle pour mettre le visiteur face à la vulnérabilité de l'homme dans son rapport à la nature, pour une prise de conscience, un cheminement vers les outils de prévention et une mobilisation vers les bonnes pratiques de mise en sécurité face aux risques naturels.
L’émotion est considérée comme non rationnelle, mais notre mémorisation dépend de la sensibilité émotionnelle du moment. Ce point est capital, puisqu’il démontre que la mémoire n’est pas qu’une retenue des vécus, mais opère un tri des informations à mémoriser, cela en fonction des sensations ressenties et de notre humeur.
Valoriser et mettre en lumière des témoignages intimes, des récits personnels importants, tapis dans l’ombre pour créer un imaginaire et produire un effet, une réaction chez celui ou celle qui se sent éloigné(e) du risque.
C'est un chemin pour acquérir une mémoire sur le risque, par un prisme différent. En partant de l’émotion d’autrui on peut construire un souvenir personnel qui impacte, implique et avec l’objectif, dans un second temps, de susciter une envie de connaître les raisons (facteurs environnementaux, changement climatique…) et les moyens d’éviter (prévention des risques majeurs…).
Nous voulons créer un parcours immersif, un dialogue entre l'image et le son pour véhiculer les souvenirs et créer cette mémoire collective émotionnelle.
L'image par des portraits, par l'iconographie des lieux pour interroger le rapport entre les deux.
Le son, en collectant des témoignages, des ambiances des lieux où les catastrophes se sont passées pour donner un écho à ce que l’on voit et aux souvenirs récoltés.
Cela pour tisser le lien entre le risque naturel et nos intérieurs d’êtres humains. Nous sommes un tout. Si la terre tremble, qu’est ce qui frémit dans nos forts intérieurs, si la montagne se désagrège, qu’est ce qui s’étiole en nous ?
Un lien entre ces souvenirs majeurs comme invitation pour préparer notre résilience.
Crédits photos: Margaux Meurisse
Valorisation de la mémoire recueillie
Sensibiliser par l’immersion…
L’objectif est de transmettre une culture du risque à travers la mémoire locale, en s’éloignant des approches classiques de prévention, souvent distanciées et normatives. L’idée est de susciter émotion et questionnement, plutôt que raisonnement pur.
Les thématiques abordées incluent le temps, l’incertitude, le sublime de la nature, et nos rapports au vivant. Pour sensibiliser efficacement, l’immersion du public dans un dispositif artistique est essentielle, combinant scénarisation (récit fictionnel) et scénographie (dispositif interactif).
…par la fiction…
Premier pilier de l’immersion, la fiction permet de sublimer les souvenirs recueillis. L’enjeu est de révéler le poésie dans le commun, de faire surgir le récit là où l’on ne l’attend pas. Ce travail de mise en fiction peut se décliner en sons, photographies, archives détournées ou inventées…
…et par l’interaction
Deuxième pilier, l’interaction transforme le spectateur en acteur. Jeux d’enquête, cartes sensibles, parcours immersifs, support multimédias ou cabinets de curiosité invitent le public à explorer, recomposer, s’approprier l’histoire.
La valorisation prend des formes modulables : objets autonomes (documentaires, expositions, podcasts, jeux) ou formats accompagnés (spectacles, balades sensibles, installations interactives…). Chaque format doit encourager l’implication du public.
Une première phase a eu lieu dans la commune de Grésy sur Isère, en Savoie. Cette collecte a donné lieu à une exposition et un podcast, qui est disponible juste en dessous.

L'équipe

Max Charrier
Chargé de la recherche et de la compilation des données historiques auprès du territoire - Mise en place de la méthodologie du projet (Parc naturel régional du Massif des Bauges)
Établissement de la méthodologie de collecte, construction des phases amont de la valorisation artistique (panorama des risques, recherche événements et archives)
Les partenaires

Parc Naturel Régional Massif des Bauges, Géoparc mondial Unesco

Astérisques Consultants: expert en gestion des risques majeurs en milieu de montagne

Laboratoire Edytem: Unité mixte de recherche de l’Université Savoie Mont Blanc et du CNRS

Association Bus 21: collectif d’artistes créateurs